Depuis le début de la décennie, Yves Simon aligne les hits tels qu’ « Au pays des merveilles de Juliet » ou « J’ai rêvé NY », et accepte d’écrire la musique du film.
Ses thèmes instrumentaux teintés de mélancolie épousent à merveille le ton doux amer et nostalgique du scénario. Mais pour la chanson, il bloque, panne sèche. Ce n’est qu’à la limite de la date butoir qu’il reçoit une émouvante lettre de jeune fan, sur papier petits carreaux, où l’inconnue raconte ses 16 ans, en seconde, parle d’amour … (l’inconnue qui ne le restera pas puisqu’il s’agit de Corinne Dacla, héroïne de la plus belle scène du film à propos des violences policières du métro Charonne en 1962).
En quelques heures, juste avant un concert, Yves Simon écrit les paroles et la musique, trois semaines avant le mixage final du film.
Le public tombe amoureux de la jeune Eleonore Klarwein (Anne), héroïne de 14 ans au talent et à la grâce incomparables. Depuis, toutes les nouvelles générations se pressent devant les écrans plats et plongent dans le film multi-diffusé qui n’a pas pris une ride, intemporel et autobiographique comme le seront les œuvres suivantes de la réalisatrice : « Cocktail Molotov » (1980), « Coup de foudre » (1983) et « La Baule les Pins » (1990, le préquel de « Diabolo Menthe »).
Il est cependant cocasse de réécouter les paroles de la chanson attentivement car elles ne décrivent absolument pas la vie de la petite Anne Weber du film. Yves Simon y évoque vraisemblablement la fan de la lettre, voire Frédérique la grande sœur du personnage principal qui connait en effet ses premières amours et déchirures.
Qu’importe pour l’exactitude textuelle, la chanson entre dans l’éternité, le chanteur la remixe discrètement en 1979 pour l’ajouter à ses albums ou compilations et près de 43 ans plus tard tout le monde a oublié le titre du générique d’ouverture « Living Doll » de Cliff Richard.
Peut-être que la grande idée réside justement dans le choix d’un morceau typiquement 70’s (cette guitare et cette fabuleuse ligne de basse !) et non pas dans une tentative rétro yéyé pour coller à l’époque du scénario, l’année scolaire 1963-1964. Diabolo Menthe est un regard sur la décennie sixties avec le recul adulte quinze ans plus tard. La sublime scène du récit de la manifestation de Charonne en est la meilleure preuve.
Un film et une chanson cultes, que personne n’attendait lors de sa sortie, catalyseur de la mode du tube cinématographique diffusé en fin de l’œuvre, tel un feu d’artifice. On compte de nombreuses reprises depuis, de Soko à Jennifer Ayache en passant par Nolwenn Leroy.
1977, déjà et terriblement moderne, Yves Simon éternel magicien.
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