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Exposition
Johnny Hallyday
Entre James Dean et Elvis Presley

Johnny Hallyday n’est pas si terrible que ça, mais comme Elvis (et aussi James Dean ou Marlon Brandon) il a décidé d’opter pour l’air rebelle…Une décision qui peut effrayer les parents. Mais le mouvement yéyé arrivant sur le marché en même temps que lui, il mettra rapidement de côté son côté « mauvais garçon ».

Les premiers succès de Johnny, en 1960, sont le gentil « T’aimer follement » (Jacques Plait et André Salvet) et « Laisse les filles » (Jil et Jan) au texte qui joue sur le double sens et à la musique énergique. Cette année-là, il n’hésite pas jouer de la guitare dos au plancher et d’apparaître en pantalon de cuir noir près du corps sur la pochette de son premier Super 45 tours. Certains l’accusent d’avoir « copié » Elvis avec ses onomatopées et sa façon sensuelle, quasi sexuelle de chanter.

Au deuxième disque, « Souvenirs, souvenirs », si la musique est toujours aussi énergique, le texte toujours aussi « gentil », il est également nostalgique. La pochette du disque le montre en costume, mais avec sa guitare et déhanché. Pour contrebalancer cette image trop propre, Johnny continue à se rouler par terre durant son tour de chant.

Peu à peu, afin de séduire Radio Luxembourg et Europe Un, la seule chaine de l’ORTF, et la presse adulte (la première revue musicale yéyé, Disco Revue, est confidentielle), Johnny va s’assagir.
Son « Tutti frutti » enflammé et les violences qui en ont suivi au Palais des Sports en 1961 n’ont pas été apprécié par Bruno Coquatrix, le célèbre propriétaire de music-hall (notamment l’Olympia). Quant aux disques, n’y cherchez pas les reprises de rock’n’roll, Johnny préfère chanter « Itsi Bitsi petit bikini », suivi de « Kiliwatch ». Son dernier succès chez Vogue sera « 24 000 baisers », une reprise d’un succès créé par « l’Elvis italien » : Adriano Celentano.

Quand Johnny affronte l’Olympia, à l’automne 1961, il a rejoint Philips, ce qui a provoqué la démission de Jacques Canetti, découvreur de talents qui déteste le yéyé. Avec cette maison de disques, son image va encore plus s’adoucir. Désormais, les photos de pochettes ne seront plus prises en studio mais en décor naturel, dévoilant un Johnny habillé comme les jeunes de son âge, certes avec sa guitare à la main, mais dans une attitude plus romantique.
Dès le premier super-45 tours Philips, le titre qui se détache est « Douce violence », signé du complice surdoué d’Aznavour, Garvarentz. En parallèle, Johnny se lance à guitare perdue dans la nouvelle danse à la mode, le twist (« Let’s twist Again », « Yaya Twist », « Laissez-nous twister »…). Début 1962, à l’étonnement général, c’est Charles Aznavour qui lui offre son premier grand slow : « Retiens la nuit ». Le second n’est pas loin : avec l’« Idole des jeunes » (adaptation de Ralph Bernet). Avec l’accord de Philips, il continue d’enregistrer des standards du rock’n’roll en version originale. Nouvel Olympia en 1962 : Johnny s’impose avec « La bagarre », qui est même chorégraphié à la « West Side Story ».

En 1963, malgré la concurrence yéyé grandissante, Johnny adapte le roi du yéyé américain, Phil Spector, avec « Dou ron ron », mais aussi un prince disparu du rock n’roll, Eddie Cochran, avec « Elle est terrible ». Il menace aussi de mort dans « Les bras en croix », apparaît chemise déchirée sur la pochette de « Pour moi la vie va commencer ».
Pour éviter de perdre sa crédibilité, Philips laisse Johnny jouer son rôle de rebelle au cœur tendre. En 1964, après un nouvel Olympia, quelques titres où il remet en place un garçon qui danse avec sa copine dans « Excuse-moi partenaire », prend position pour « Les mauvais garçons », entonne les rocks « les plus terribles », Johnny est appelé par l’Armée Française. Il se fait couper les cheveux afin de jouer le jeu au mieux et s’éloigne un peu plus de l’image du « bad boy ». En « échange », il a droit à de nombreuses permissions. Les gros succès sont plus rares, à l’exception du « Pénitencier » dont le texte est co-signé par Hugues Aufray.

© André NISAK/ Jean-Marc ROUGET / PB/ DALLE


L'auteur

Jean-Pierre Pasqualini

Animateur sur Melody, la chaine vintage de divertissement musical depuis 2003, JPP en dirige les programmes depuis 2013.

Cet ex-pionnier de la radio FM (entre 1982 et 1985) et rédacteur en chef de Platine Magazine durant 25 ans (de 1992 à 2017), membre de l’Académie Charles Cros et du Collège des Victoires de la Musique, est aussi sollicité régulièrement par de nombreux médias (M6, W9, C8…). Ces derniers mois, il a participé à de nombreux documentaires sur la chanson patrimoniale (Hallyday, Sardou, Pagny, Renaud…), comme contemporaine (Stromae, Christophe Mae…).

JPP intervient également sur les chaines et dans les émissions de News (BFM, LCI, C News, « Morandini », « C’est à vous »…) et les radios (Sud Radio, Europe Un, RMC Info Sport, France Inter…) pour des événements liés à la chanson (Eurovision, Disparitions de France Gall, Charles Aznavour, Dick Rivers…). Il a même commenté en direct les obsèques de Johnny Hallyday sur France 2 avec Julien Bugier.

Coté chansons, JPP a participé, depuis presque 30 ans, à de nombreux tremplins, du Pic d’or de Tarbes au Festival de Granby au Québec en passant par le tremplin du Chorus des Hauts de Seine.
Enfin, JPP a produit des artistes comme Vincent Niclo, en manage d’autres comme Thierry de Cara (qui a réalisé le premier album des Fréro Delavega)…
JPP a signé quelques ouvrages sur la musique et écrit des textes de chansons. Il a même déjà travaillé sur un album certifié disque de platine (Lilian Renaud).