Pascal Danel, de son vrai nom Jean-Jacques Pascal Buttafoco, est décédé le 25 juillet. Il laisse dans nos mémoires une voix profonde, un style empreint de l’une de ses idoles, Gilbert Bécaud, et de Nouvelle Vague. On pourrait qualifier Pascal Danel de « chanteur yéyé », l’étiquette ne serait pas totalement fausse, car générationnelle, et parce que les « yéyés » étaient certes des tenants du rock n’roll, mais également d’incurables romantiques. Né le 31 mars 1944 à Paris, le chanteur, compositeur et auteur Pascal Danel nous avait priés de leur laisser la plage, lieu magique où l’on pleure, où l’on rit, où l’on aime. Il le chantait avec ampleur dans La plage aux romantiques, chanson composée avec le parolier Jean Albertini, et bientôt classée n°1 en France, en Europe et même jusqu’au Brésil et au Japon.
Devenu funambule à moto à 16 ans, il apprend la guitare et le piano après un accident qui l'a cloué au lit. Ce Corse d’origine, issu d’une famille proche du village de Calenzana, prendra son nom d’un des pensionnats où il fut placé à Longueuil-Anel, dans l’Oise – il livrera les détails d’une enfance chaotique dans un livre d’entretien avec Marc Benveniste, J’ai le mal de mère...
En 1962, il obtient une bourse à l’école d’art dramatique de la rue Blanche, et devient guitariste et chanteur du groupe Les Panthères - passage obligé au Golf Drouot. Premier 45 tours un an plus tard, bref passage aux disques Vogue, avant un atterrissage chez AZ, poussé par Lucien Morisse. L’homme qui porte costume, cravate et pochette assortie publie une longue série de tubes (Je m’en fous, Hop là tu as vu) suivi d’un premier Olympia.
Fin 1966, Pascal Danel publie son premier album où figure Kilimandjaro composé sur un texte de Michel Delancray – la chanson sera interprétée en six langues et connaîtra plus de cent versions à travers le monde. Pascal Danel devient un habitué des hits : Comme une enfant en 1968, Mon ami en 1969, puis L’Italie, Le Funambule, Le petit prince n’est pas mort, Ton âme (primé à la Rose d’or d’Antibes), Mamina, reprise par Dalida en 1972. Il compose pour Daniel Guichard ou Marcel Amont et découvre dans le circuit des bals Laurent Voulzy dont il fait son guitariste et chef d’orchestre de 1969 à 1974.
Dans les années 1980, Pascal Danel devient producteur de télévision, notamment avec « Cadence 3 » en collaboration avec Guy Lux, puis avec « Macadam » sur FR3, destiné à promouvoir les régions à travers la chanson. Il écrit le scenario d’un film, L’enfant et le président, dont il compose la musique et dans lequel il interprète un rôle. Victime d’un grave accident de la route, il renait en 2000 avec un nouvel album, Je voulais simplement te dire, suivi d’un spectacle au Cirque d’Hiver Bouglione, où il joue les funambules et rend hommage aux Frères Vincenti, légendes du chant corse.
Il ne quittera jamais la scène – du Petit Journal Montparnasse à la Nouvelle Eve ou aux tournées Âge tendre produite par Christophe Dechavanne. En 2010, Pascal Danel avait publié Mitterrand, l’homme de Latche, un livre consacré à celui qui fut son ami intime, grand amateur des Neiges du Kilimandjaro.
Pascal Danel avait été gratifié du Prix du Comité du cœur de la Sacem en 2024.
« Pascal Danel, c'était une force qui ose, c'était une conviction qui compose, une étoile écorchée qui chante. Il promenait sur le monde des adultes son éternel regard d'ado funambule en mal de ciel. Écrire des textes pour lui était un bonheur car il saisissait immédiatement ce qu'il y avait dans les mots d'élan musical et de pouvoir d'expression. Il vient de rejoindre les neiges éternelles du Kilimandjaro, mais ses mélodies et sa voix vont continuer à nous réchauffer le cœur. » Claude Lemesle, auteur, Président d’honneur de la Sacem.
Publié le 25 juillet 2024 © Edouard SETTON/ DALLE