Mario Bois était un éditeur méticuleux, toujours attentif aux partitions délicates et déterminé à mettre en lumière des œuvres méconnues ou oubliées, tout au long d’une vie jalonnée de passions et de rencontres. Il est décédé le 21 août 2024, après avoir contribué à bâtir un exceptionnel corpus d’opéras et d’opérettes ; il a notamment finalisé le catalogue des œuvres d’Offenbach, grâce aux archives de la Fondation Almeida, fondée par le chef d’orchestre et musicologue Antonio de Almeida.
Né à Perpignan en 1934, Mario Bois grandit à Bayonne et sort diplômé d’HEC- Paris en 1954, ainsi que de la British Chamber of Commerce. Après un service militaire de trois ans comme officier de marine en Afrique du Nord et aux Etats-Unis, il devient secrétaire de Louis Merlin, créateur d’Europe 1, puis commence une carrière d'éditeur de musique, en dirigeant de 1959 à 1968 la branche française des éditions britanniques Boosey & Hawkes.
À cette occasion, il croise Igor Stravinsky qu'il va fréquenter jusqu’à la mort de ce dernier, en 1971. C'est également à cette époque qu'il découvre et publie les premières œuvres de Iannis Xenakis, avant de rencontrer Mikis Theodorakis. Il devient le gestionnaire des droits de Rudolf Noureev, avec qui il se lie d’une profonde amitié. Mario Bois est un novateur, organisant des soirées radiodiffusées en présence de Messiaen, de Joseph Kosma ou de Francis Poulenc. En 1968, il prend la direction des éditions Salabert.
Mario Bois a dirigé plusieurs collections discographiques, « La grande musique espagnole », « Histoire de la sevillana », « Grandes figures du flamenco », un genre dont il est profondément épris et connaisseur, qui mène à la publication d’une anthologie en vingt disques, plusieurs fois primée, toujours inégalée.
Parallèlement à son métier d'éditeur musical, il écrit une vingtaine de livres, dont des recueils de nouvelles et des romans, comme La Fête d'Avril, publié en 1977. Son livre Flamencos a reçu le Prix de la Maison de poésie à Paris, Le Flamenco a obtenu le Prix des Muses et La Trilogie de Séville : Don Juan, Figaro, Carmen a remporté le Prix Bernier de l'Institut de France. Auteur de nombreuses traductions de textes d’œuvres musicales et d'arguments de ballet, il publie des entretiens avec Xenakis ainsi que ses souvenirs avec Stravinsky.
À propos de ce dernier, il écrivait : « À cette époque, le vieux Maître était octogénaire et j'avais vingt-cinq ans : je me trouvais devant un personnage colossal, effrayant, dont la moindre parole, décision ou prise de position faisait trembler le monde de la musique d'est en ouest. »
Durant sa carrière, il produit ou coproduit également pour la télévision française une soixantaine d'émissions sur la musique ou sur la danse.
Enfin, Mario Bois était aussi un auteur-compositeur, inscrit depuis 1971 à la Sacem, qui lui avait décerné son Grand Prix en 2008. Officier des Arts et des Lettres, Chevalier de la Légion d’Honneur, il fut président du Conseil international de la danse auprès de l'Unesco de 1994 à 1997.
« Son immense passion pour la danse, Mario Bois en avait fait la couleur principale de sa maison d’édition. Tout au long de sa carrière, il a ainsi brillamment accompagné d’immenses compositeurs d’opéras et de ballets classiques et restera, dans le monde de l’édition, l’un des plus grands spécialistes d’Offenbach. La musique perd un homme qui savait tisser des liens profonds entre musique et mouvement et la Sacem un très grand sociétaire. » Patrick Sigwalt, Président du Conseil d’administration de la Sacem.
Publié le 23 août 2024