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Hommage
Panda Kabika
Gloire discrète du R&B français

Pouvoir revendiquer la paternité de 4 tubes cumulant 700 millions de vues sur YouTube, tel est le rêve secret de tout auteur-compositeur. Un rêve silencieusement atteint par Panda Kabika, surnommé Glory, décédé prématurément le 28 mai, à l’âge de 37 ans.

Derrière vos chansons préférées se cachent souvent des hommes et femmes de l’ombre. Qu’ils et elles soient producteurs, arrangeurs, beatmakers, tous ont en commun d’être des piliers invisibles de nos morceaux fétiches. Panda Kabika, né le 15 novembre 1987 à Kinshasa, exerçait quant à lui un métier dont les origines remontent au Moyen-Âge : celui d’auteur-compositeur. Et si son nom reste jusqu’à aujourd’hui méconnu du grand public, les chansons qu’il a co-signées parlent pour lui : Celle qu’il te faut en featuring avec Keen V, Na Lingui avec MHD (une ode amoureuse aux racines africaines) ou encore Le temps de Tenny. Autant de morceaux validés par la génération streaming dans la seconde partie des années 2010 et dont le point commun s’appelle Panda Kabika.

Panda Kabika avait bien choisi son nom d’artiste : il avait opté pour Glory et ne se doutait pas qu’en entrant à la Sacem comme auteur le 29 août 2012 que sa carrière serait aussi discrète que fulgurante. Dès 2016, les fans de Keen V découvrent son visage dans le clip de Celle qu’il te faut, un titre dans le plus pur style du R&B français qu’il a également co-écrit. Est-ce là le début d’une carrière en tant qu’auteur-interprète ? Paradoxalement, non.
Dans le monde de la musique, la gloire peut revêtir plusieurs visages. Porté par ce premier succès, Panda Kabika persiste à briller dans l’ombre. D’abord dans celle de la star congolaise Fally Ipupa, puis très vite dans celle d’Aya Nakamura pour qui il co-compose deux titres qui joueront un rôle déterminant pour l’explosion de la « Djadja star » : Ça fait mal et Copines, soit 485 millions d’écoutes en cumulé sur Spotify. À la question : « Qui fallait-il appeler en 2018 pour squatter les écouteurs des 15-20 ans ? », la réponse semblait simple : Panda Glory Kabika.

En puisant autant dans ses racines congolaises que dans l’ultra efficacité du R&B moderne (des titres de moins de trois minutes, des productions mêlant le dance-hall à des refrains taillés pour l’airplay radiophonique), Glory s’était fait un (sur)nom dans le milieu très fermé des ghostwriters. Il aurait mérité que la chanson dure un peu plus longtemps. Hélas, il est mort de raisons inexpliquées quelques semaines seulement après son intronisation en tant que Sociétaire définitif de la Sacem dans la catégorie compositeur.

Il laisse derrière lui une épitaphe : « Ce qui est plus grand que la distance, ce sont les souvenirs », et une poignée de titres emblématiques écrits pour d’autres. Auteur-compositeur : plus qu’un crédit en bas d’un clip, un métier où l’humilité fait loi.

« Panda Kabika a atteint le rêve de beaucoup en définissant le son de son époque. Par son talent, il a su mêler ses racines à la pop urbaine pour créer des musiques universelles et intemporelles. Il laisse derrière lui bien plus que des succès : des refrains qui ne cessent de résonner. » Frantz Steinbach, Président de le Commission des variétés.

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