« L’opérette ! Pour un peu on dirait : la musiquette ». En une phrase, le sort de ce genre musical bien français semble être réglé. Son auteur, un conférencier du début du XXe siècle aujourd’hui tombé dans l’oubli, en était pourtant un fervent défenseur, ajoutant d’ailleurs dans le même texte : « Il n’y a au contraire rien que de familier et d’aimable dans ce gentil nom. Il semble que l’on tutoie une jolie femme ». De manière tout aussi fringante, le critique musical José Buyr écrit : « L’opérette est une fille qui, répudiant une famille piquée de noblesse, retournait, cotillon court et souliers plats, à ses roturières origines ». Il n’empêche : aujourd’hui, le mot opérette fait encore sourire et il est prétexte à critiques et à moqueries qui ne concernent en fait qu’un moment particulier de la longue histoire du genre.
Le mot renvoie à l’opéra évidemment ; mais, contrairement à ce que le suffixe pourrait laisser entendre, c’est n’est pas pour autant un petit opéra, une œuvre moins aboutie, moins réussie. Les deux genres sont bien distincts. L’opérette est l’héritière d’une tradition populaire très vivace, celle des foires parisiennes et des vaudevilles. C’est contre le sérieux des grands opéras donnés à l’Académie Royale de Musique, que le genre a vu le jour au XVIIIe siècle et qu’il s’est affirmé au XIXe siècle. Et s’il est arrivé à l’opérette d’imiter l’opéra, c’est pour mieux s’en moquer.
Dans les éditions de 1878 et de 1935 de son dictionnaire, l’Académie Française définit l’opérette comme une « composition dramatique, dont l’action est gaie ou comique et la musique légère. » L’aspect facile et léger revient systématiquement quel que soit l’ouvrage traitant du sujet. L’opérette est donc toujours festive et se termine systématiquement sur des accents joyeux, contrairement à bien des opéras qui versent dans le tragique. Et contrairement à l’opéra-comique, qui n’est pas toujours comique. L’humour ? « Sans doute, répond Benoit Duteurtre l’un des meilleurs connaisseurs de l’opérette, la musique légère inclut volontiers le sens de l’humour. Mais on ne saurait dire qu’elle se confonde avec l’humour. Car le théâtre léger... inclut autant de pages sentimentales, mélancoliques que de pages débridées ». « L’opérette, résumait le compositeur Reynaldo Hahn, c’est plus de fantaisie, plus de négligence, plus de débraillé ».
Pendant un siècle environ, de 1850 à 1950, ce genre débraillé et si attachant va séduire tous les publics, pas seulement à Paris, mais partout en France et au-delà des frontières de l’hexagone.
Par Thierry Geffrotin - 2019
Les origines
Selon une phrase fameuse de Camille Saint-Saëns, « l’opérette est une fille de l’opéra-comique qui aurait mal tournée ». Fille de, sans doute, dévergondée, rien n’est moins sûr.
Ce qui est certain en revanche, c’est que la mère de l’opérette voit le jour au XVIIe siècle, au milieu des jongleurs, montreurs d'ours, acrobates et autres bonimenteurs, dans l’effervescence des foires parisiennes : la foire Saint-Germain, sur la rive gauche l’hiver, et la foire Saint-Laurent, sur la rive droite en été. Il s’agit d’abord de petits spectacles montés sur des tréteaux qui tiennent de la pantomime, de la chanson et de la satire.
Des opéras comiques ?
Ces sortes de vaudevilles prennent alors le nom d'opéras comiques. À l’époque, l’Académie Royale de Musique (l’Opéra) et la Comédie Française disposent d’un strict monopole et personne ne peut donc monter de spectacles lyriques et dramatiques. Sauf à s’exposer à des procès, interdictions, expulsions et même destructions de ces petites scènes.
Les directeurs de ces théâtres de foire en sont réduits à faire appel à des acteurs « gestueux » (pas plus de deux), les textes étant présentés sur des écriteaux ou accrochés dans les cintres. Ces artistes « parlant sans parler et ne chantant qu’en faisant chanter les autres » (L’opérette de José Bruyr PUF 1962).
Des opera buffa ?
Ils s’enrichissent d’airs nouveaux -et plus seulement de reprises de mélodies connues- et même d’un final imitant les « opéra buffa » italiens (cf. illustration Un' avventura di Scaramuccia, opera buffa del maestro Luigi Ricci-Bnf).
Mais pas de récitatif (comme à l’opéra) entre les airs : les dialogues sont parlés.
Des intermèdes ?
L’opéra-comique vient de naître. Mais comme cette œuvre est créée à la foire Saint-Laurent, ne s’agit-il pas déjà d’une opérette ?
Pas vraiment, puisque les dialogues sont chantés et non parlés. De plus, l’opéra-comique privilégie le genre pastoral, le drame bourgeois ou l’inspiration mythologique, et une forme de sensibilité propre à la fin du XVIIIe siècle. Au début du XIXe siècle, François Adrien Boieldieu et Adolphe Adam ouvrent la voie à ce qui va devenir l’opérette.
*« Pièce de musique (ou de danse) qu’on enserre à l’Opéra entre les actes d’une grande pièce pour égayer et reposer en quelque sorte l’esprit du spectateur attristé par le tragique et le tendre souci des grands intérêts » (Dictionnaire de musique de Jean-Jacques Rousseau,1767).
Les pères fondateurs
Si une affiche peut être considéré comme un acte de naissance, la première opérette date de 1856. Il s’agit de Madame Mascarille de Jules Bovery.
S’il lui fallait un lieu à l’opérette, c’est Hervé qui va lui offrir, en ouvrant en 1854 la première salle dédiée à ce nouveau genre.
Finalement, la postérité retiendra un nom, celui d’Offenbach.
Hervé (1825/1892) : l'homme à tout faire
Compositeur, librettiste, directeur de troupe, entrepreneur de spectacles, chef d’orchestre, chanteur, metteur en scène, décorateur et même homme à tout faire quand les circonstances l’exigeaient, tel se présente Hervé, l’homme qu’il fallait pour l’opérette. Le concurrent (oublié de nos jours) de Jacques Offenbach qui avouait lui-même « en avoir peur ».
De son vrai nom Louis-Auguste Florimond Ronger, il nait en 1825 près d’Arras. Issu d’une famille très pauvre, il fait ses premiers pas dans la musique à Paris en entrant dans la maîtrise de l’église Saint-Roch. Il y apprend les rudiments du chant, de l’orgue et de l’harmonie. Et comme le jeune garçon est très doué, il est vite repéré par d’excellents professeurs. À 15 ans, il est embauché comme organiste à l’asile de Bicêtre. C’est là que trois ans plus tard, il met en musique un vaudeville, L’ours et le pacha, pour un orchestre d’aliénés de l’établissement. Florimond Ronger remporte son premier succès. En 1848, il fait jouer Don Quichotte et Sancho Pança, « tableau grotesque en un acte » dont il écrit paroles et musique.
Composer une partition originale, ne pas reprendre des airs existants : la nouveauté est d’importance ; en fait, l’opérette vient de naître.
L'ami d'Offenbach
Le 21 octobre 1854, Hervé reprend un café-concert boulevard du Temple qu’il transforme en salle de spectacles, grillant ainsi la politesse à Offenbach qui ouvre ses Bouffes Parisiens, huit mois plus tard. Pour inaugurer Les folies concertantes, Hervé programme C’est ici qu’on oublie la pâle mélancolie, dont le titre claque comme un slogan publicitaire.
Pendant trois ans, il va enchaîner des pièces en un acte faisant appel à un maximum de trois personnages et multiplie les succès. Il devient l’ami de Jacques Offenbach dont il monte, le 26 juin 1855, le premier opéra-bouffe Oyayaye ou La Reine des îles aux Folies-Nouvelles, salle de concert qu’il a ouverte boulevard du Temple. Il y tient même le rôle de la reine.
Découvrir l'archive
Le créateur de l'opérette
De retour à Paris, il présente sa dernière création, Bacchanale, qui est mal accueillie par la critique. Fatigué, malade, Hervé meurt le 3 novembre 1892 d’une crise d’asthme.
Ses œuvres les plus célèbres restent L’œil crevé (V’lan dans l’œil) en 1867, Chilpéric (1868), Le petit Faust (1869) qui remporte un énorme succès et Mam'zelle Nitouche (1883), œuvre en partie autobiographique, portée à l’écran en 1954 par Yves Allégret avec Fernandel dans le rôle de Célestin-Floridor, organiste et compositeur d’opérette qui n’est pas sans rappeler "Florimond-Hervé". Il se dit le créateur d’un « genre loufoque, burlesque, échevelé, endiablé, cocasse, hilare, saugrenu, catalputueux ». En un mot, de l’opérette.
Découvrir l'archive
Jacques Offenbach (1819/1880) : la musique du rire
On ne saurait mieux résumer la place d’Offenbach dans l’histoire de l’opérette que Claude Dufresne, auteur d’un ouvrage sur le sujet paru en 1997 (« La belle histoire de l’opérette » éditions Solar).
Mais l’œuvre du grand Jacques n’est pas faite que de paillettes, de strass et de champagne, comme le démontre l’exposition « Jacques Offenbach, un compositeur acharné sous une apparente légèreté » qui ce musée en ligne lui a consacré.
Découvrir l'archive
Les enfants d'Offenbah
L’opérette va survivre à Offenbach, décédé en 1880, grâce à des compositeurs dont certains sont véritablement ses enfants spirituels.
C’est le cas de Charles Lecocq passé à la postérité pour La fille de madame Angot .
D’autres noms font les beaux soirs de Paris comme Edmond Audran, Robert Planquette ou Louis Varney.
Charles Lecocq (1832/1918)
À 16 ans, le jeune garçon donne déjà des leçons particulières pour se payer ses cours d’harmonie. Au conservatoire, il reçoit une formation très classique. Mais c’est vers l’opérette qu’il va se tourner. L’explication nous est donnée par Camille Saint-Saëns : « Lorsque nous étions au Conservatoire, il écrivait des choses ravissantes ; et si l’accès des théâtres sérieux n’avait pas été si difficile, il aurait fait tout autre chose que ce qu’il a laissé ».
À 24 ans, Lecocq participe à un concours organisé par Offenbach pour les jeunes compositeurs d’opérette. Il partage le prix avec Georges Bizet. Le docteur Miracle qu’il a mis en musique lui vaut d’être joué onze fois aux Bouffes Parisiens. Le début d’une grande carrière ? Pas vraiment ; Lecocq enchaîne ensuite des opérettes qui passent inaperçues. Et cela dure onze ans.
L'opérette, un spectacle gai et distingué
Mais la guerre avec les Prussiens éclate. « Je me figure qu’après la guerre, les goûts seront sensiblement modifiés et que peut-être, les obus prussiens auront tué l’opérette ». Il n’en est rien.
Lecocq s’installe à Bruxelles où il connait plusieurs triomphes notamment avec Les cent vierges (1872) et La fille de Madame Angot (1872). L’œuvre- dont Saint-Saëns dit : « c’est beaucoup plus sérieux que vous ne croyez » - est jouée 400 fois sans interruption. Elle est programmée dans plus de 100 villes en France. Et Paris à son tour acclame un compositeur qui veut « faire de l’opérette un spectacle très gai, mais d’une tenue plus réservée… dans un style élégant et distingué de bon aloi » (Histoire de l’opérette en France Florian Bruyas -Emmanuel Vitte éditeur 1974).
Découvrir l'archive
Une consécration posthume
Il ne lâche pas la plume : Giroflé-Girofla (1874), Le pré Saint-Gervais (1874), La petite mariée (1875), Kosiki (1876), La Marjolaine (1877), Le petit duc (1878), Le jour et la nuit (1881)….
Pas une année sans création jusqu’en 1888. À chaque fois, le compositeur s’en tient à son style ; mais le public ne le suit pas toujours. Et face à la jeune génération qui se lance à son tour dans l’opérette, il constate avec un peu d’amertume : « Il y a là-dedans trop de talent et pas assez d’imagination ».
C’est à Bruxelles que Lecocq connait son ultime grand succès avec Ali Baba en 1887. Son rêve d’être joué à l’Opéra-Comique se réalisera mais de manière posthume : La fille de Madame Angot est donnée le 28 décembre 1918, deux mois après sa mort, à l’âge de 86 ans.
Découvrir l'archive
Robert Planquette (1848/1903)
Il a pour lui de savoir s’adapter au goût du public, ce qui l’amène à écrire des tyroliennes, genre fort à la mode dans les années 1870. C’est donc tout naturellement que le jeune composteur, qui est aussi chanteur et qui a une bonne expérience de la scène, va entrer dans le monde de l’opérette. Il en écrit une petite dizaine de 1872 à 1876, dont Méfie toi de Pharaon, Le valet de cœur, Le serment de Mme Grégoire et Paille d’avoine. La renommée reste à venir.
C’est à un commissaire de police, qui se pique d’être aussi librettiste, que Planquette va devoir son premier succès et sa consécration définitive. Et à Hervé, le compositeur toqué, qui est sollicité mais se désiste. Planquette est donc choisi pour mettre en musique Les cloches de Corneville et il se met très vite au travail : les répétitions du premier acte doivent commencer dans les huit jours. Le chœur d’entrée est écrit en vingt minutes et le premier acte en trois jours.
Découvrir l'archive
Les Cloches de Corneville
En moins de dix ans, l’opérette est jouée mille fois à Paris. Elle est traduite en anglais sous le titre The Chimes of Normandy et jouée au Fifth Avenue Theatre à New York, à partir du 22 octobre 1877. Elle est également présentée à Londres en 1878 pour 705 représentations. Le critique Edmond Stoullig, qui a assassiné l’opérette à sa création dans les Annales du théâtre et de la musique doit se sentir bien seul après avoir écrit que Planquette « s’imagine sans doute avoir fait de la musique » et que « sa partition est un ramassis de polkas, de valses et de rondeaux qui sont autant de réminiscences ».
Le public a parlé et son jugement est sans appel : Les Cloches de Corneville installent pour toujours Planquette au firmament des compositeurs d’opérettes. Récidiver sera difficile évidemment ; et pourtant le compositeur, qui se disait lui-même paresseux, écrira une vingtaine d’œuvres et il connaîtra à nouveau le succès (un moindre succès) avec Rip créé le 14 octobre 1882 au Theatre Comedy de Londres, avant de connaître une adaptation française donnée en 1884 à Paris.
Découvrir l'archive
Louis Varney (1844/1908)
Mais à la différence d’Alphonse, le père qui s’était juste un peu aventuré sur les terres de l’opérette, le fils ; Louis, a laissé une quarantaine d’ouvrages. Les Mousquetaires au couvent, créés en 1880, ont fait oublier toutes ses autres compositions.
Difficile en effet de rivaliser avec une opérette qui réunit à elle seule « une musique ravissante avec de grands airs de répertoire, l’exigence de belles voix lyriques, un grand ballet classique, des situations drôles voire gauloises, des moments romantiques, dramatiques. » (Guide raisonné et déraisonnable de l’opérette et de la comédie Musicale, Louis Oster et Jean Vermeil. Fayard 2008).
Avec cette oeuvre, Louis Varney fixe pour de nombreuses années les règles de l’opérette et l’œuvre sera très populaire jusqu’à la veille de la Seconde Guerre Mondiale
Edmond Audran (1842/1901)
Ce qu’il devient d’ailleurs à l’église Saint-Joseph de Marseille à l’âge de 19 ans. Parallèlement, le jeune musicien écrit des chansons provençales et des œuvres légères : L’Ours et le Pacha (1862), La Chercheuse d’Esprit (1864), La Nivernaise (1866) et Le Petit Poucet (1868). Puis c’est la rencontre déterminante avec Henri Chivot, un librettiste de renom, qui voit en lui un futur « roi ». Et qui lui confie le livret du Grand Mogol. L’ouvrage est créé en 1877 au Gymnase de Marseille et tient l’affiche pendant 60 représentations (une belle carrière en province).
Ce succès ouvre les portes des Bouffes Parisiens à Edmond Audran qui triomphe avec La mascotte en 1880. Un nouveau style d’opérette voit le jour, séduisante, raffinée mélodiquement et harmoniquement. Tout pour plaire à « ces nouvelles couches sociales désireuses de se distraire à des spectacles à la fois très gais et assez décents pour être vus en famille » (Florian Bruyas Histoire de l’opérette en France, Editions Emmanuel Vitte). Londres, New York, Vienne, Berlin s’entichent également de cette œuvre à la « gaité exubérante digne d’Offenbach » (Benoît Duteurtre). D’autres succès suivront : Gillette de Narbonne (1882), Le Grand Mogol (1884, nouvelle version), La Cigale et la Fourmi (1886), Miss Helyett (I890), L’oncle Célestin (1891), Articles de Paris (1892), Mon Prince (1893), L’enlèvement de la Toledad (1894), La Poupée (1896).
Découvrir l'archive
Emmanuel Chabrier (1841/1894)
Il commence le piano à six ans. La musique pour le plaisir oui, dit son père, mais un autre métier attend le petit Emmanuel. Il sera magistrat – c’est la carrière que l’on embrasse chez les Chabrier depuis des lustres.
A 15 ans, il a déjà à son actif quelques compositions. Quand il en parlera plus tard, il ne sera pas tendre : « je composais des cochonneries, valses, pots-pourris, romances imbéciles ».
A 20 ans, licence de droit en poche, il entre dans l’administration sans lâcher pour autant la musique.Compositions pour piano, pièces vocales, œuvres pour orchestre, musique théâtrale, aucun genre ne lui échappe. Mais il reste un amateur aux yeux de beaucoup de ses confrères compositeurs et musiciens. Et cette situation lui pèse autant que son métier de gratte-papier. Le 8 novembre 1880, il envoie une lettre au ministre de l’Intérieur. Arguant de problèmes de santé qui lui ont déjà valu des arrêts de travail, il demande sa mise en disponibilité. Le 12 novembre, il reçoit une réponse positive qui prend la forme d’un arrêté ministériel. Emmanuel Chabrier aura mis 19 années pour prendre sa décision et quatre jours seulement auront suffi pour qu’il obtienne l’autorisation et que son rêve se trouve réalisé : devenir un vrai musicien professionnel.
Deux oeuvres majeures
L’Etoile qui « combine une verve bouffonne héritée d’Offenbach et un style musical d’une richesse foisonnante » (Benoît Duteurtre- L’opérette en France. Editions du Seuil 1997).
Pour Emmanuel Chabrier, l’opérette n’est surtout pas un genre mineur et « il persuadera nombre d’artistes qu’on peut inventer de la grande musique dans les petits genres » (Benoît Duteurtre idem).
Découvrir l'archive
Pas si belle époque
La Belle Epoque ne va pas vraiment sourire à l’opérette. On s’amuse beaucoup à Paris en ce début de XXe siècle, mais ce sont surtout les cafés-concerts qui attirent les spectateurs. Les comiques troupiers sont à la mode comme les drames réalistes ; les Ballets russes de Serge de Diaghilev font un triomphe.
Durant les 200 jours que dure l'Exposition Universelle de 1900, on donne plus de 350 concerts symphoniques et 1200 représentations lyriques.
Dans un monde musical parisien en pleine effervescence, quelques compositeurs de musique légère tirent pourtant leur épingle du jeu.
André Messager (1853/1929)
Ayant pris des cours de piano enfant, il entre à 16 ans à l’école Niedermeyer grâce à une bourse obtenue par ses parents. Il y reçoit l’enseignement sérieux et complet de Camille Saint-Saëns et d’Eugène Gigout. Ce qui fera dire au compositeur Charles-Marie Widor : « de bonne heure initié aux mystères de son art, de la tonalité antique et ce plain chant qui est la base non seulement de la musique religieuse, mais de toutes les musiques ».
À 21 ans, le voilà sur le marché, et pour gagner sa vie, il devient organiste de chœur à l’église Saint-Sulpice à Paris. Il y restera pendant 10 ans. Puis ce sera le grand orgue de Saint-Paul avant d’obtenir le poste de maître de Chapelle à Sainte-Marie des Batignolles.
Découvrir l'archive
Classicisme et légèreté
Nous sommes en 1885 et le sujet choisi (la conquête de l’Algérie) ainsi que le style cocardier, bien dans l’air du temps, vont beaucoup plaire. Un temps londonien par amour, le compositeur se languit vite de son pays, et quand il revient à Paris, c’est pour offrir Les petites Michu (1897) et Véronique (1898) avec deux duos qui vont devenir célèbres, celui de l’âne et celui de l’escarpolette. Sa carrière de compositeur d’opérettes est définitivement lancée.
Et pour longtemps. André Messager aura toujours pour lui et jusqu’à la fin de sa carrière une « aisance qui lui permet de composer des mélodies d’un pur classicisme et aussi des refrains au parfum léger comme une brise printanière » (La Belle histoire de l’opérette, Claude Dufresne. Editions Solar 1997). Pour preuve, Fortunio (1907), L’amour masqué (1923) dont il écrit la musique pour Sacha Guitry et Yvonne Printemps, et Monsieur Beaucaire (1925).
Ami de Claude Debussy, c’est à André Messager qu’il revient de diriger l’orchestre pour la création de Pelléas et Mélisande en 1902 à l’Opéra-Comique.
Découvrir l'archive
Claude Terrasse (1867/1923)
En fait de musique légère, il écrit des cantiques, et l’un d’eux va beaucoup amuser Gounod : « Quel bon refrain bouffe cela ferait ! Essayez-vous à l’opérette ! ».
En attendant de faire le grand saut, le jeune compositeur change de paroisse et le voilà embauché à Paris à la Trinité.
Pour autant, il ne renonce pas au répertoire léger en écrivant des chansons sur des textes de Franc Nohain, une musique de scène pour Ubu Roi d’Alfred Jarry et Panthéon-Courcelles, un oratorio comique d’après Courteline.
Découvrir l'archive
La charmante originalité de Terrasse
Nouveau succès un an plus tard avec Les Travaux d’Hercule sur un livret de Robert de Flers et Armand de Caillavet. Terrasse n’en reste pas là et durant la seule année 1902, il compose trois opérettes en un acte : La Fiancée du scaphandrier, Chonchette et Au temps des croisades. 1903 est l’année de la création de la plus célèbre des opérettes de Terrasse, Le Sire de Vergy qu’il compose à l’âge de 36 ans.
Une dizaine d’ouvrages suivront et lorsque le compositeur décède en 1923, il revient à André Messager, président de la SACD, de faire son hommage : « avec lui disparaît un des musiciens les plus charmants parmi les compositeurs d’opérettes. Celui, peut-être, dont la verve a revêtu au cours de ses vingt-cinq dernières années la forme la plus originale en renouvelant le genre de la bouffonnerie parodique un peu délaissée depuis Hervé et Offenbach ».
Les années folles
À la faveur de la paix retrouvée, l’opérette reprend vivement des couleurs et connaît même son apogée, entre les deux guerres, avec plus de 500 créations parmi lesquelles Phi Phi (Christiné/1918) Là-Haut (Yvain / 1923), Troublez-moi (Moretti / 1924), P.L.M. (Christiné / 1925), O mon bel inconnu (Hahn / 1933), Normandie (Misraki / 1936) ou Un de la Canebière (Scotto /1935).
Henri Christiné (1867/1941)
Il est au piano pour accompagner sa divette de cœur -elle fait une longue tournée en France- et il lui arrive aussi de composer des chansons. Rien qui n’annonce la gloire. Le couple s’installe à Paris et Christiné rencontre les vedettes du moment : Dranem, Mayol, Léoni, Dalbret.
L’opérette entre dans sa vie, mais il attendra longtemps encore avant de se faire définitivement un nom.
Christiné, Willemetz et Phi-Phi
Phi-Phi, une fantaisie néo-grecque, est créée au (bien nommé) théâtre de l’Abri. L’ouvrage connait son petit succès (à l’image de la salle) et se retrouve programmé aux Bouffes-Parisiens alors en quête de spectacle. Le librettiste, Albert Willemetz est d’abord réticent. Il trouve sa pièce « trop mince » pour les Bouffes. Réponse du directeur de la célèbre salle : « je vous donnerai six danseuses au lieu de quatre ; nous mettrons quatre musiciens de plus dans la fosse ». Willemetz n’est pas tendre avec son texte pourtant d’une bonne tenue littéraire et à l’humour incisif. Ainsi en sera-t-il de tous les livrets qu’il écrira dans les quarante années à venir. Phi-Phi, par la grâce de sa musique et l’esprit de son livret, va devenir l’un des spectacles les plus emblématiques des Années Folles.
Christiné et Willemetz ne vont pas s’arrêter en si bon chemin. En 1921, ce sera Dédé avec Maurice Chevalier, l’étoile du music-hall. Puis ce sera Madame 1923), J’adore ça (1925) P.L.M. (1925) et J’aime (1927). A défaut de connaître ses opérettes, la postérité saura fredonner quelques chansons composées par Christiné comme Dans la vie, faut pas s’en faire, La petite Tonkinoise ou Valentine.
Découvrir l'archive
Maurice Yvain (1891/1965)
Il écrit pour Mistinguett (Mon homme, La java…), Maurice Chevalier qu’il a connu en captivité pendant la Première Guerre Mondiale (Dites-moi ma mère, Avec le sourire...) ou Marie Dubas (C’est toujours ça d’pris…). En 1922, il est sollicité par la directrice du théâtre Daunou pour composer une opérette : Ta bouche avec Yves Mirande pour les dialogues et Albert Willemetz pour les chansons. Ce sera une première expérience pour lui et un immense succès.
Suivront Là-haut (1923) qui met en scène (et en concurrence) Maurice Chevalier et Dranem, le comique de service ; puis La dame en décolleté (1923) Gosse de riche (1924), Pas sur la bouche (1925) et Bouche à bouche (1925). Le compositeur qui est bien de son temps s’inspire de rythmes et de danses à la mode (fox trot, one-step, charleston, java, paso-doble, tango….).
Mais Maurice Yvain ne copie pas ; il s’approprie tous ces styles. En cela c’est un compositeur de premier ordre et son art est fait « de goût, de tact, de mesure, de finesse, de naturel, de simplicité, d’aisance, de bonhomie, de malice-de malice et d’esprit, voire de poésie ». (José Bruy L’opérette PUF 1962).
Découvrir l'archive
Du grand spectacle au grand écran
En 2003, le réalisateur Alain Resnais adapte Pas sur la bouche au cinéma avec une distribution de choix : Sabine Azéma, Pierre Arditi, Audrey Tautou, Lambert Wilson, Isabelle Nanti, Daniel Prévost, Darry Cowl.
« Ce qui m’intéressait, expliquera Alain Resnais, c’était de voir si on pouvait prendre des acteurs français et n’en doubler aucun….Ils se sont prêtés au jeu avec gourmandise » (Guide raisonné et déraisonnable de l’opérette et de la comédie musicale, Louis Oster et Jean Vermeil. Fayard 2008).
Découvrir l'archive
Raoul Moretti (1893/1954)
Il faut dire que la deuxième chanson était tombée dans l’oreille d’Albert Willemetz. La suite semble aller de soi. Le grand librettiste de l’époque donne sa chance au jeune Marseillais de 27 ans en lui proposant d’écrire avec lui une opérette. Le patron des Bouffes Parisiens la programme et En chemyse, opérette bouffe et libertine, est créée le 8 mars 1924. La musique est cocasse et entrainante ; le livret bien ficelé et les chansons bien tournées (fruits de la collaboration entre Willemetz et Cami, un humoriste de renom).
C’est le début d’un succès qui va se trouver confirmé par Troublez-moi (1924), Trois jeunes filles nues (1926), Six filles à marier (1931), Un soir de réveillon (1933), Les sœurs Hortensia (1934), Simone est comme ça (1936). Tous ces succès en douze ans !
Découvrir l'archive
Le mélodiste le plus doué
« Christiné, le plus vieux, est une sorte de transition entre l'âge du caf'conc' et l'âge du jazz ; Yvain, le meilleur technicien, est une transition entre la musique savante et la musique populaire ; Moretti, le dernier arrivé, est incontestablement le mélodiste le plus doué et le plus sensible aux rythmes nouveaux venus de l'étranger. » (Encyclopédie multimédia de la comédie musicale en France, site de Jacques Gana).
L’étranger en question ce sont les Etats Unis avec les comédies musicales que découvrent les Parisiens, Show boat en particulier de Jerome Kern et Oscar Hammerstein II, créé à Broadway en 1927 et donné pour la première fois au théâtre du Chatelet deux ans plus tard.
Découvrir l'archive
Paul Misraki (1908/1998)
Il a alors 28 ans et déjà un long parcours de musicien. À 7 ans, il ne connait pas encore la musique, ce qui ne l’empêche pas de composer une valse que sa maman note fièrement. Au lycée Janson de Sailly, à Paris, il fait la connaissance de Ray Ventura, qui a créé un petit orchestre amateur de jazz. Quelques années plus tard, son copain de lycée l’accueille au sein de son ensemble vocal et instrumental, Les collégiens. Il en est le second pianiste et surtout le compositeur-arrangeur-orchestrateur. Il écrit beaucoup de chansons fringantes et faciles à chanter. Naturellement, cet art va s’épanouir dans le cadre d’une opérette, et ce sera Normandie.
Pendant l’Occupation, Paul Misraki, né dans une famille d’origine juive, s’expatrie en Amérique du Sud puis à Hollywood. De retour en France, la paix revenue, il compose Le Chevalier Bayard (1948) avec Yves Montand, Ludmilla Tcherina et Henri Salvador. Suivront La petite datcha (1960) et Mouche (1966).
Découvrir l'archive
Reynaldo Hahn (1874/1947)
Il découvre la musique par son père, à qui l’on doit la construction du grand théâtre de Caracas, et le piano grâce à ses sœurs ainées. Doué et choyé, le jeune Reynaldo entre au conservatoire de Paris à 11 ans. Il y décroche deux médailles et un accessit. Rien d’exceptionnel.
Suivant les conseils de son professeur, Jules Massenet, il ne concourt pas pour le prix de Rome : « d'abord Reynaldo, tu n'es pas français, ensuite tes parents sont fortunés et on t'en voudrait d'avoir pris la place d'un de tes camarades ». Pas de prix, mais il compose : des mélodies, des ballets, des pièces pour piano, de la musique de chambre.
Ciboulette, première opérette d'Hahn
Cette opérette traditionnelle ce sera Ciboulette . Le public parisien tombe sous le charme de la musique de Reynaldo Hahn. Et particulièrement du duo Nous avons fait un beau voyage.
Mais comme le note Claude Dufresne (La belle histoire de l’opérette, Solar, 1997), « ce sont tous les airs de la pièce qu’il faudrait citer, qu’ils soient marqués d’une harmonieuse tendresse ou d’un dynamisme plein de fougue ».
Découvrir l'archive
Hahn à l'assaut de Mozart
Le résultat est époustouflant. André Messager, qui avait été d’abord sollicité par Guitry et avait renoncé, écrit dans le Figaro : « Reynaldo Hahn a su si bien marier son style personnel à celui de son modèle qu’on ne sait plus très bien où se fait la soudure et ce qu’il faut attribuer à l’un ou à l’autre ». Reynaldo Hahn retravaillera avec Sacha Guitry pour O mon bel inconnu (1933). Il offrira d’autres ouvrages au public parisien : Le temps d’aimer (1926), Brummel (1931) et Malvina (1935).
Au total douze courtes années offertes à l’opérette mais une empreinte indélébile. « Avec Hahn disparait le dernier géant de l’opérette française réunissant, comme Chabrier ou Messager, la solidité du métier, la diversité des registres, une culture artistique et littéraire très vaste, un expert dans l’art de conjuguer le savant et le léger » (Benoît Duteurtre L’Opérette en France, Seuil 1997).
Découvrir l'archive
Louis Beydts (1895/1953)
« C’est peu pour laisser des traces profondes, ni surtout durables. » (operette-theatremusical.fr). Pourtant ce compositeur raffiné, disciple de Messager, a eu des librettistes de premier plan comme Henri Duvernois, Pierre Wolff et surtout Sacha Guitry. Il travaille avec le maître du théâtre de l’entre-deux guerres, pour La Société Anonyme des Messieurs Prudents. Certains persifleurs ont dit qu’il avait surtout travaillé pour Yvonne Printemps, transformant le titre de l’ouvrage en « Société des Admirateurs de Madame Printemps ». L’épouse de Sacha Guitry était alors célèbre pour sa voix de rossignol et son jeu en scène. La SADMP vaudra à Louis Beydts un très grand succès populaire et des critiques fort élogieuses.
Aux trois ouvrages des années 30, il faut ajouter A l'aimable Sabine (1947) dédié à la mémoire de Reynaldo Hahn. On peut formuler le regret d’avoir si peu de musique pour l’opérette de la part d’un tel compositeur.
Son activité pour le cinéma a été plus productive. Vingt films entre 1935 et 1953, dont La kermesse héroïque et quatre collaborations avec Sacha Guitry. Louis Beydts était directeur de l'Opéra-Comique à son décès prématuré à l’âge de 58 ans.
Découvrir l'archive
Les derniers feux
Le temps est révolu où le tout Paris, populaire ou huppé, se précipitait aux Bouffes, à la Gaité Lyrique, aux Variétés ou aux Folies Wagram pour découvrir les nouveautés. Les théâtres d’opérette ont du mal à survivre.
Le rock, la variété, le cinéma et bientôt la télévision sont autant de concurrents impitoyables. La période de l’après-guerre semble fatale à l’opérette, même si quelques compositeurs et des artistes de renom arrivent encore à faire perdurer le genre.
Vincent Scotto (1874/1952)
A priori pourtant, rien ne semble prédestiner le jeune Vincent à une carrière de compositeur. Une jeunesse heureuse à Marseille dans une famille modeste, des études primaires, l’apprentissage du métier d’ébéniste auprès de son père et de son frère ainé.
Et un peu de musique quand même : « dès l’âge de sept ans, je jouais de la guitare et j’étais assez doué… c’est ainsi que mes parents m’ayant donné un professeur, au bout de quelques mois, il n’eut plus rien à m’apprendre, alors cependant que je n’en savais pas beaucoup… Plus tard, vers les onze ou douze ans, j’étudiai la musique chez les frères Maristes et, à seize ans, je donnai des leçons de solfège… ». Voilà de quoi tordre le cou à une légende, celle d’un compositeur au rabais, sans base sérieuse et seulement nourri de son inspiration.
Faire chanter et sourire la France
Quelques mois plus tard, il découvre que sa chanson Le Navigatore est devenue La petite Tonkinoise. On chante du Scotto à Paris. Le compositeur (qui a 32 ans) décide de monter à la capitale.
Quelques mois de vaches maigres et sa carrière parisienne débute. Elle n’est pas près de s’arrêter. Pendant de longues décennies, Vincent Scotto va faire chanter et sourire la France : Pan Pan (1922), J'ai deux amours (1930), Au pays du soleil (1932), Trois de la Marine (1933), Un de la Canebière (1935), Violettes impériales (1948), Les Amants de Venise (1953). Ses œuvres sont portées par des artistes de renom : Polin, Georgel, Fragson, Joséphine Backer, Tino Rossi, Maurice Chevalier, Fréhel, André Dassary, Marcel Merkès et Paulette Merval.
Vincent Scotto a aussi fait briller le soleil de ses opérettes à Toulouse (là où fut créé son premier ouvrage en 1912), à Lyon, Bordeaux, Dijon, Limoges et bien sûr à Marseille. Ce qui nous rappelle, s’il le fallait, l’engouement de ce genre musical partout en France et pas seulement à Paris.
Découvrir l'archive
Georges van Parys (1902/1971) et Philippe Parès (1901/1979)
Très vite, Georges Van Parys commence à composer des sketches musicaux et des chansons. En 1927, les deux jeunes compositeurs unissent leur talent pour la première fois et mettent en musique La Petite dame du train bleu. Aucun directeur de théâtre parisien n’en veut et la création a lieu à Lyon. Mais ce n’est que partie remise.
Dans la foulée, ils sont programmés à Paris avec Lulu (1927). Puis ce sera L’eau à la bouche (1928), Louis XIV (1929), Le cœur y est (1930) et Couss-Couss (1932) et des retrouvailles avec Le moulin sans souci (1958).
Entre temps, Georges Van Parys aura choisi de travailler principalement pour le cinéma, tandis que Philippe Parès se consacrera à l'édition et à la production.
Vice-Président de la Sacem, la carrière de Georges van Parys a été récompensée par le Grand Prix de la Musique de la Société des Auteurs en 1968.
Découvrir l'archive
Francis Lopez (1916/1995)
Il côtoie les gloires de l’époque : Maurice Chevalier, Tino Rossi, Georges Guétary, André Dassary… Il rencontre aussi Raymond Vincy, jeune librettiste marseillais. À eux deux, ils créent la surprise à Paris avec La Belle de Cadix (1945).
C’est un triomphe imprévu qui ira crescendo au cours des dix années suivantes : Andalousie (Gaîté-Lyrique, 1947), Quatre jours à Paris (Bobino, 1948), Monsieur Bourgogne (Bobino, 1949), Pour Don Carlos (Châtelet, 1950), Le chanteur de Mexico (Châtelet, 1951), La route fleurie (Lyon et ABC 1952), Le soleil de Paris (Bobino, 1953), À la Jamaïque (Lyon et Porte Saint-Martin, 1953), La Toison d’Or (Châtelet, 1954), Méditerranée (Châtelet, 1955), Tête de Linotte (ABC, 1957).
Toutes les vedettes de l’époque sont à un moment ou à un autre à l’affiche de ces opérettes qui font courir le tout Paris et font monter la province à la capitale : Luis Mariano, Andrex, Henri Genès, Georges Guétary, Rudy Hirigoyen, Bourvil, Annie Cordy, André Dassary, Jean Richard… Francis Lopez est au firmament de sa carrière pendant 12 ans.
Découvrir l'archive
Une seconde jeunesse
Au début des années 1990, le mot « opérette » disparaît petit à petit. Trop désuet trop connoté, ringard même aux yeux de certains. Le genre semble avoir vécu.
La mode a passé assurément ; mais le désamour pour l’opérette s’explique aussi par la qualité médiocre de certaines productions.
Un début de millénaire en opérette
Pour séduire le public, ils montent les opérettes comme elles méritent, en misant sur la qualité, avec des artistes qui sont à la fois comédiens et chanteurs, de nombreux musiciens dans la fosse, et avec des décors et des costumes de choix.
Ont ainsi été montés à l’Opéra-Comique L’Étoile d’Emmanuel Chabrier (2007), Ciboulette de Reynaldo Hahn (2012), Ali Baba de Charles Lecocq (2014), Les Mousquetaires au couvent de Louis Varney (2015), Le Postillon de Lonjumeau d’Adolphe Adam (2019).
L'opérette à Marigny
Depuis sa réouverture, le théâtre Marigny a fait (re)découvrir Mam’zelle Nitouche de Hervé, Le docteur Miracle de Charles Lecocq, Le Retour d'Ulysse d'Hervé, On demande une femme de chambre de Planquette ou Sauvons la caisse de Lecocq.
Les Frivolités Parisiennes, compagnie d'opérette
Elle a déjà à son actif plusieurs productions : Le Petit Faust d’Hervé, L’Elixir d’Hervé, Yes de Maurice Yvain, Le Farfadet d’Adolphe Adam, Le petit duc de Charles Lecoq, Gosse de riche de Maurice Yvain (entre autres).
Composées d’un orchestre de chambre à géométrie variable, les Frivolités Parisiennes font régulièrement appel à des chanteurs, chefs d’orchestre, metteurs en scène et musicologues spécialisés dans un genre qui n’a donc pas dit son dernier mot.
C’est bien connu, l’opérette se termine toujours par un dénouement heureux ! La fête peut continuer !!