« Non, je ne regrette toujours rien ». C'est le titre de la biographie publiée en janvier 2012 chez Calmann-Lévy.
Au-delà du simple récit de ses presque soixante ans de carrière, Charles Dumont, enfant spirituel d’Edith Piaf, nous livre sa philosophie de la vie, professée autant par l’artiste que par l’homme…Exposition rédigée en 2019.
Les débuts
Natif de Cahors, Charles Dumont voit le jour le 26 mars 1929 dans le quartier de la Côte Pavée.
Enfant, il étudie la musique au conservatoire de Toulouse, mais avoue avoir un peu de mal avec le solfège et la théorie…
Le jazz, sa passion
À quinze ans, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il découvre le jazz. Sa passion pour Louis Armstrong l’influence fortement. Il se met à la trompette et monte son orchestre. Il déménage ensuite à Paris, avec le rêve de se faire un nom en tant que mélodiste.
Il fréquente alors beaucoup les caves de Saint-Germain-des-Prés. Un problème de santé, lié à la reprise de ses exercices de trompette trop tôt après une opération des amygdales, met à son grand désespoir un point final à l’apprentissage de cet instrument.
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L'apprentissage de la composition
Cet événement malheureux le prive de la pratique de la musique pendant quelque temps, jusqu’à ce que le hasard d’une errance lui fasse pousser la porte de l’église Saint-Ambroise à Paris. Il y rencontre l’organiste Paul-Sylva Hérard. Ce dernier lui enseigne l’harmonie et le clavier. Il découvre la composition.
Il adhère à la Sacem le 6 juillet 1949 et demande son admission en tant que compositeur le 19 mai 1949 sous les auspices de E. Valette et V. Marceau.
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Les premières oeuvres
Il gagne alors sa vie en tant que pianiste dans des clubs.
Sa carrière se met en place dès 1956, lorsqu’il met en musique des poèmes de Francis Carco.
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Collaboration avec Michel Vaucaire
Il écrit de nombreux titres pour Dalida, Gloria Lasso, Luis Mariano, Tino Rossi, Lucienne Delyle, avec Michel Vaucaire, époux de la chanteuse Cora Vaucaire. En 1958, il publie deux 45 tours.
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La rencontre déterminante
Il la fait à 31 ans, le 5 octobre 1960, grâce à la ténacité de Michel Vaucaire qui le pousse à aller voir Edith Piaf.
Et pourtant, ce n’était pas gagné
Comme il se le rappelle lorsqu'il évoque, après trois tentatives ratées, sa rencontre avec la Môme Piaf : « J’ai enfin rendez-vous avec Édith Piaf qui ne m’aime pas et m’a déjà refusé plusieurs chansons. Quand miracle… ».
Non, rien de rien
L’auteure-interprète de « La vie en rose » lui fait jouer à deux reprises « Non, je ne regrette rien » qu’il a co-écrit avec Michel Vaucaire. Il l’interprète avec rage. Séduite, elle lui demande : « C’est vous qui avez écrit ça ? Alors, ne vous inquiétez plus, jeune homme. Cette chanson fera le tour du monde ! Je vais la chanter ».
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L’alchimie, entre eux deux, fonctionne à merveille
En l’espace d’un an et demi, ils ne se quittent plus. Il lui écrit une quarantaine de titres, parmi lesquels « Les Flonflons du bal », « Mon Dieu » …
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Les Amants
Il interprètera cette chanson sur scène avec elle en 1962.
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Une révélation
Un passage obligé, déterminant, pour le jeune auteur-compositeur. C’est le départ d’une carrière qui n’est plus seulement derrière les projecteurs, en coulisses, mais bien dans la lumière : « Avec elle, j’entre d’une certaine façon en religion. Je comprends que mon métier est un art auquel il faut tout donner. Les bagnoles, les filles, l’argent n’ont pas d’importance. Je vis dans la lumière d’Edith Piaf. Et chaque fois qu’un projecteur s’allume sur moi, j’essaie d’être digne de tout ce que m’a donné cette femme hors normes ».
En 1963, il compose à nouveau pour elle, sur des paroles de Jacques Brel, « Je m’en remets à toi ». La chanteuse décède avant d’avoir pu l’interpréter.
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Auteur
Il passe son examen d’auteur à la Sacem le 24 janvier 1966, avec comme sujet imposé « Comme dans un moulin ». Il est admis le 20 avril 1967.
Il collabore avec Barbra Streisand et raconte « Un éditeur m'a conseillé de lui proposer une de mes compositions. Je suis allé à New York. Je l'ai jouée sur un piano dans sa loge de Broadway. Elle m'a dit : « ça me plait beaucoup. Je ferai le disque. Au revoir, jeune homme ». Je ne l'ai jamais revue... ».
Le titre « Le mur » chanté en français sur la face A, et sa version anglaise titrée « I've been Here » sur la face B, figurent sur l’album « Je m'appelle Barbra ».
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Sophie Makhno
« J’ai eu trois mamans : ma mère qui m'a mis au monde. Edith qui a mis les projecteurs sur moi. Et enfin Sophie Makhno ».
En 1967, il fait une rencontre capitale pour la suite de sa carrière. Une fois encore, il s’agit d’une femme. Elle se nomme Sophie Makhno, auteure, aussi connue sous le pseudonyme de Françoise Marin et Françoise Lo.
Elle a été la secrétaire de Barbara, avant de devenir directrice artistique chez CBS.
Elle lui conseille de modifier son style et de moderniser son image trop liée à celle de Piaf. Leur rencontre marque le début d’une complicité de quarante ans, jusqu’à sa disparition en 2007. Ils donneront à sa carrière un tour plus personnel. Ensemble, ils signeront de nombreux succès : « Ce soir, il neige », « Une aventure », « A l’amour comme à la guerre », « Ainsi va ma vie », « Tout simplement Maman », « Toi ma raison d’être » …
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Des oeuvres de fiction pour la télévision ...
Il signe la musique de la série « Michel Vaillant ».
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... et le cinéma
En 1971, il s’essaie à la musique de film et signe la bande originale de « Trafic » de Jacques Tati. Sa carrière bien lancée, les succès s’enchaînent avec des chansons tels que « Toi, la femme mariée » et « La fille de Jacob » où l'amour et les femmes tiennent pour ce crooner à la française une place prépondérante.
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Un titre censuré
Sophie Makhno lui propose les paroles de « Ta cigarette après l'amour ». Malheureusement, le titre est censuré pour des raisons morales. Avec Mai 68, les mentalités et les médias changent. La chanson sort en 1970 et remporte un large succès.
« Grâce à Sophie, j'ai fait une carrière. Durant tout ce temps, on ne s'est jamais tutoyé, on ne s'est jamais fait la bise ».
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"Une chanson"
En 1973, le chanteur reçoit le prix de l'Académie Charles Cros pour l'album « Une femme ». S'enchaînent en 1974 « Le Concerto pour une chanson » qui mêle chanson, musique classique et poésie, puis en 1975, « L'Or du temps ». « Une chanson » (1976) et « Les amours impossibles » (1978) pour lequel il sollicite, aux côtés de Sophie Makhno, Etienne Roda-Gil, sont certifiés disques d'or.
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De nombreuses tournées
Durant les années 80, il se produit beaucoup à l’étranger (Canada, Liban, Japon…).
Il publie un disque presque tous les ans
Parmi lesquels « Un Homme tout simplement », « Les Chansons d’amour », « Aime-moi », « Souviens-toi un jour » (compilation des titres écrits pour Édith Piaf)…
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De nombreux projets
En 1984, il crée au Casino de Paris un concerto-ballet-chanson intitulé « Passion », dans lequel il invite la danseuse Françoise Legrée sur une chorégraphie d'Attilio Labis. La même année, il reçoit la Légion d'honneur dans sa ville natale.
En 1985, il sort « Volupté ». À la rentrée 1986, au Théâtre du Rond-Point, il partage l’affiche d’un récital avec la comédienne Judith Magre. Après les albums « Libre » en 1987 et « Le Bout du Monde » en 1988, Charles Dumont sort l’année suivante un CD en anglais, expérience qu’il reproduit en 1992 avec « Pense à moi ».
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"Elle et lui"
En 1990, il retrouve la salle parisienne de Bobino et sort l'album « Elle et lui » qu’il signe avec Jean-Michel Bériat.
Le chanteur fête ses vingt ans de récital en décembre 1996 à l'Olympia. « Pour une femme », paraît en 1998. Charles Dumont continue de se produire régulièrement en public : à l'Auditorium Saint-Germain, au Théâtre de Dix heures…
De novembre 2003 à mars 2004, il revient aux petites salles de ses débuts en donnant des dîners-concerts au Don Camillo à Paris, puis en mars 2004, il fête ses 50 ans de carrière au Bataclan à Paris.
En 2007, il sort « Confidentiel », un hommage à Sophie Makhno.
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Au printemps 2009, Charles Dumont monte sur la scène de l'Olympia.
Suit l’album « Je t'invite », puis en 2010, il fait partie de la Tournée Âge tendre et Têtes de bois, au côté notamment de Michèle Torr, Sheila, Hervé Vilard, Georgette Lemaire, Alain Turban... et enchaîne avec la sortie de « Charles Dumont chante l'amour ».
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En mai 2011, il est fait Commandeur des Arts et des Lettres.
Infatigable, on le retrouve en janvier 2015, à l'Olympia à Paris, puis aux Francofolies de La Rochelle pour une participation à un concert hommage à Édith Piaf. La même année, il est fait officier de la Légion d'honneur.
En 2018, Charles Dumont fait ses adieux à Bobino « Je suis venu te dire au revoir… », mais avoue ne pas vouloir renoncer au contact avec son public…
Et à ceux qui lui demandent encore parfois s’il n’est pas ennuyé d’être souvent associé à la Môme Piaf, il répond « Je ne suis pas dans l’ombre de Piaf, je suis dans sa lumière… ».
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"Chantez facilement ! " : ses conseils
Charles Dumont a publié en février 2019 un recueil de vingt chansons fourni avec deux CD, qui a pour but d’aider celles et ceux (ils sont nombreux), qui souhaitent s’initier à chanter. Il y prodigue ses conseils à travers ses chansons incontournables, transcrites en piano, voix et diagrammes d'accords guitare.
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