François Silly – futur Gilbert Bécaud – n’a que 19 ans lorsqu’il devient membre de la Sacem le 13 mai 1947. La législation de l’époque fixant l’âge de la majorité à 21 ans, c’est sa mère Léonie Silly, agissant en qualité de tutrice naturelle et légale, qui doit signer l’acte d’adhésion.
Originaire de Toulon, où il est né le 24 octobre 1927, le jeune François a pourtant déjà derrière lui un bagage musical appréciable : son caractère turbulent ne l’a pas empêché d’apprendre le piano avec assiduité et d’entrer au conservatoire de Nice à l’âge de 12 ans pour étudier le contrepoint, la composition et l'harmonie.
Installé à Paris depuis la Libération, il exerce ses talents de compositeur pour des musiques de films qui resteront assez confidentielles. Mais c’est surtout la chanson qui l’attire… Pour assurer sa subsistance, il devient pianiste de cabaret et accompagne la chanteuse fantaisiste Marie Bizet.
François compose pour elle quelques chansons avec un jeune parolier nommé Pierre Leroyer, agent de l’administration fiscale, qui a déjà travaillé avec son beau-frère musicien Frank Gérald. Pierre prend le nom de Delanoë et François Silly celui de Gilbert Bécaud. Cette collaboration entre les deux amis marque le début de deux belles carrières dans le domaine de la chanson.
Devenu accompagnateur du chanteur Jacques Pills (le nouvel amour et futur mari d’Edith Piaf), Gilbert Bécaud fait la connaissance d’autres paroliers : Maurice Vidalin, Charles Aznavour et surtout Louis Amade, haut fonctionnaire, qui parrainera ses débuts comme interprète.
En 1953, Bécaud grave ses premiers disques et se fait rapidement remarquer avec des titres comme Mes mains, Les croix, Quand tu danses, La ballade des baladins.
Il participe en février 1954 à la réouverture de l’Olympia en salle de music-hall et y reviendra très régulièrement. Véritable bête de scène, qui caresse ou brutalise son piano, il électrise la salle et bouleverse les règles du spectacle. Il devient en quelques années l’idole du jeune public, annonçant le phénomène qui prendra forme au début des années 60 avec la vague des chanteurs yé-yé.
Par Martin Pénet
Crédit photo : Pictorial/Dalle