Louis Aragon signe son adhésion à la Sacem le 12 octobre 1944. Ce n’est qu’un an plus tard qu’il déclare ses œuvres. Dans un courrier adressé au chef des déclarations, l’écrivain et directeur des Editions La Bibliothèque française, fondées dans la Résistance, fait part de sa difficulté à effectuer cette démarche administrative.
En 1945, la production littéraire de Louis Aragon était déjà conséquente. Après des débuts auprès des mouvements dada et surréaliste, l’homme de lettres s’était engagé politiquement en faveur du communisme, puis dans la Résistance.
Aussi lorsque la Sacem lui demanda de faire sa déclaration « sur un papier de grandes dimensions mais parfaitement insuffisantes pour contenir la dixième partie [de ses] œuvres », la tâche lui parut insurmontable : « c’est un travail de romain que je n’entreprendrai pas. »
A ce premier problème s’en ajoutait un deuxième : la déclaration des œuvres à la Sacem doit être accompagnée du dépôt d’un exemplaire édité. Or, Louis Aragon ne possédait pas d’édition de ses recueils de poèmes… au point de devoir racheter ses propres œuvres !
Pour Le Crève-Cœur, publié en 1941, il dut, « pas plus tard que la semaine dernière, le racheter pour la somme de 600 francs. » Ses finances ne lui permettaient donc pas de satisfaire à cette demande.
Sa demande d’adhésion, contenant une liste de 21 poèmes, atteste qu’une solution fut néanmoins trouvée. Aux côtés de Feu de joie, son premier recueil publié en 1920, des Yeux d’Elsa (1942), de Je vous salue ma France (1943) figurent deux poèmes mis en musique par Francis Poulenc, dont Fêtes galantes, ainsi que deux autres par Louise-Marie Simon, dite Claude Arrieu, notamment le célèbre La Rose et le Réséda.
Par ALD
© PVDB/Bridgeman