En décembre 1983, lorsque les affiches de Coluche errant la nuit dans un 18ème arrondissement mortifère apparaissent partout dans Paris, il est peu dire que la surprise est de taille. L’humoriste a déserté les planches depuis plus de deux ans. Tchao Pantin propulse son acteur star au firmament de sa carrière au grand écran et impose une nouvelle génération d’artistes : Richard Anconina et Agnès Soral - CharlElie Couture pour la bande originale.
Première expérience en la matière pour le jeune chanteur alors auréolé de son tube « Comme un avion sans aile » et le succès de ses albums parus sur le label Island où il est le premier français signé, Couture réussit un coup de maitre.
A la fois à la guitare, aux claviers et à la production, son phrasé et la sonorité de sa musique collent parfaitement au climat sombre, lent et lourd du film. Mais surtout, il apporte une modernité rythmique jumelle à la beauté des images signées Bruno Nuytten, le chef opérateur du réalisateur Claude Berri.
Le film touche le public grâce à l’incroyable performance d’un Coluche en perdition mais aussi par son ambiance, reflet d’une époque et d’un quartier peu filmé. La chanson lancinante « Les nuits sont trop longues » hante les rues déglinguées de la Porte de la Chapelle sans ajouter un pathos inutile : la voix de Couture reste d’une folle élégance dans ce cauchemar sans issue.
Tchao Pantin, adapté d’une livre d’Alain Page, co-scénariste de « La Piscine » quinze ans plus tôt, est l’évènement de cette fin 1983 et sera un succès sur la longueur pour atteindre 2,6 millions d’entrées dans la foulée des César couronnant Coluche, Anconina et Nuytten.
Porté par ce triomphe, CharlElie Couture poursuivra une prolifique carrière de compositeur de musiques de films dont Taxi Boy, La salle de bain, Le crime d’Antoine ou même l’adaptation française des chansons de Randy Newman écrites pour Toy Story. Un parcours singulier et attachant.
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